Goaould ! Cette demoiselle pas plus haute que trois pommes (plutôt de l’ordre d’une banane et demi), émanation même de l’autorité grepolissienne, bras armé d’Arynael dans la section Graphisme, devient la nouvelle mécène des arts numériques. De nombreux artistes des internet se pressent autour d’elle, s’arrachent ses grâces, l’honneur d’une œuvre portée par elle, même pour une seule journée, même pour une micro-seconde. C’est en apparence la muse des temps modernes… les kit à son image se multiplient, fleurissent dans toutes les galeries. Elle est, à elle toute seule, un phénomène de société.
Mais, que se cache-t-il vraiment derrière ses courses aux faveurs, cette prolifération des signatures extatiques, ce graphisme déchiré par cette courtisanerie décousue (faudra-t-il rapiécer ?) ? Nos reporters ont enquêté, et plus ils cherchaient, plus ils trouvaient (gloire à eux !).
Nous avons fureté dans sa galerie, reniflé ses courtisans, épié ses faits et gestes et nous sommes enfin en mesure de vous répondre. Mais d’abord, nous avons du interrogé les premiers intéressés. Jahl de Vautban s’est confié à nous : « Ah ! C’est une grande dame, y a pas de doute, pas très souriante… » mais sa voix s’étrangle soudain et il refuse de nous en dire plus. Quand nous voulons en connaître plus sur l’origine de son succès, on nous répond gentiment que nous sommes des fouille-merdes (je ne sais pas comme il a su pour mon passe-temps) et que nous devrions plutôt parler des terroristes macédoniens et des problèmes d’immigration perse aux Thermopyles. Mais n’ayant en tête que le devoir de vous apporter des informations erronées, nous avons voulu pousser la chose plus loin.
Nous infiltrant dans un atelier, tel un concombre dans la moutarde, nous avons essayé de récolter auprès des graphistes des informations plus nettes (on a mis nos lunettes). Blurptiro, le visage tuméfié, nous en a parlé, profondément peiné : » Ah c’est sûr que mon arrivée fut pas des plus douces. Des amis m’ont bizuté, faisant croire que je plagiais Tiro (l’un de mes autres pseudonymes)… J’ai été arrêté immédiatement, on m’a déshonoré publiquement tandis que dans l’obscurité d’une geôle, on me torturait. Ce que je peux vous dire sur Goaould ? C’est qu’elle frappe fort. » Surpris de ces méthodes spartiates, nous avons voulu connaître le mobile d’une telle réaction. » Il se trouve que Mini Vicieux a joué de ses relations pour me maintenir en taule le plus longtemps possible. Je vous le dis : y a magouilles et entoure-loupes. » conclue-t-il en descendant son pantalon pour montrer ses cicatrices. Nauséeux, nous décidons tout de même de poursuivre notre enquête.
» Si vous voulez, la section Graphisme fonctionne selon des rouages bien huilés, » commence un canard jaune réactionnaire, ou un poisson orange mal léché, et parfois même est-il un ours bosniaque révolutionnaire, en tout cas c’est un râleur. » Et puis quand vous commencez à vouloir gratter plus loin, en interrogeant un graphiste sur ses intentions, vous vous faîtes immédiatement brimé. On ressort d’anciennes infractions du néant, quand bien même elles étaient déjà modérées. On fouine dans vos derniers messages et on en ressort les pépites. On vous prend par les tulipes et on mord dans les bulbes. » Intrigué par ce déversement d’amertume, de cet individu qu’on reconnaîtra plus tard comme un grand consommateur de schweppes, il nous fallut découvrir l’origine de cette raideur.
Le Docteur Attia, éminent libidinographe et intervenant de la section Débats, nous a fait l’honneur d’accepter une interview. » L’origine du problème, c’est la nature même de la patiente. Figurez-vous qu’un goaould est une créature pathologiquement dominatrice et égocentrique. Elle soumet un humanoïde à sa volonté, l’habite et si affinité lui bouffe un peu de moelle. Et si on s’en remet à l’iconographie dominante dans ces kits qui la représentent, on peut observer qu’elle est carrément bo... » C’est alors que nous avons perdu le Docteur Attia dans un tragique et soudain arrêt cardiaque, dû, on imagine, à un fulgurant cancer du poignard dans le cœur.
Ainsi donc se termine notre reportage, sur ces notes acidulées avec un arrière goût de betterave. Que pouvez-vous en retenir, vous, misérable citoyen de Grepolis ? Que pouvez-vous faire, quand on gangrène jusqu’à vos artistes ? Eh bien, faîtes bien, et allez lire les écrivains, seuls, incorruptibles, magnifiques, nous qui aimons jouer avec les enfants et qui… Bonne journée !
Thésée (vous)
Grepopotin 